Hockey

À la croisée des chemins ?

À 34 ans, Vincent Lecavalier est-il à la croisée des chemins ? Il entend prouver que non et effacer les souvenirs d’une première saison difficile à Philadelphie.

Vincent Lecavalier a déjà vécu des étés plus agréables. Le Québécois a ressassé sans cesse le pénible souvenir de sa fin de saison avec les Flyers de Philadelphie.

Lui, l’ancien capitaine du Lightning de Tampa Bay, gagnant du trophée Maurice-Richard en 2007, de la Coupe Stanley en 2004, longtemps adulé par ses fans, a été cloué au banc en troisième période du septième match de la première ronde entre les Flyers et les Rangers alors que son club tirait de l’arrière par un maigre but...

« Toute ma carrière, j’étais celui qu’on envoyait sur la glace quand l’équipe avait besoin d’un but, confiait hier l’athlète de 34 ans. C’était la première fois que ça m’arrivait et je ne veux plus jamais vivre ça. On se pose plein de questions sur le banc. L’entraîneur Craig Berube m’a expliqué lors du meeting de fin de saison que j’étais rendu sur le quatrième trio et qu’il avait décidé d’y aller avec ses trois premiers trios. Rien de plus. »

Puis, les rumeurs d’échange n’ont cessé de s’accroître au cours de l’été. Plus que des rumeurs, les Flyers n’ont jamais caché chercher une équipe preneuse pour leur nouvel attaquant pourtant embauché six mois plus tôt moyennant 22 millions pour cinq ans.

« S’il y avait une transaction profitable pour les deux camps [Lecavalier a le dernier mot en raison d’une clause complète de non-échange], ça aurait pu se produire, mais on n’en est pas arrivés là. »

Vincent Lecavalier a connu l’une de ses pires saisons offensives en carrière avec 37 points en 69 matchs et une fiche de -16, la pire des Flyers.

L’année avait pourtant bien commencé avec sa nouvelle équipe. Lecavalier montrait une fiche de 10 points à ses 13 premiers matchs, mais son rendement a périclité par la suite.

Une vilaine blessure au dos subie fin novembre n’a pas aidé. « C’était un match contre les Predators de Nashville et j’ai reçu un double échec dans le dos comme j’en ai reçu mille dans ma carrière. Je ne sais même pas qui me l’a donné et j’ai continué à jouer. Mais en troisième période, je commençais à ressentir de la douleur en enjambant la bande pour me rendre sur la glace. Le lendemain, on m’a diagnostiqué une fracture de la vertèbre. J’ai raté un mois. »

À son retour, la dynamique avait changé. « L’équipe s’est mise à gagner et on ne change pas une formule gagnante. On m’a placé à l’aile gauche et j’ai eu de la difficulté à m’ajuster. Il y a beaucoup plus d’arrêts et de départs et on doit patiner dans un axe nord-sud. Je n’avais pas la marge de manœuvre que j’avais au centre. Jouer à l’aile droite aurait été moins pire à la limite parce que quand j’étais au centre, j’aimais transporter la rondelle du côté droit pour me donner un angle de tir. J’en ai parlé à l’entraîneur, mais il m’a dit qu’il voulait me garder à gauche. »

Lecavalier a obtenu seulement 23 points à ses 49 derniers matchs et son temps de jeu n’a cessé de diminuer. « Je traînais toujours mon mal de dos, qui n’a jamais pu guérir complètement. Avec les vols en avion, les matchs aux deux jours, c’est difficile de s’en remettre à 100 %. »

RIEN N’EST ÉTERNEL...

Incapable d’échanger un attaquant dont le salaire occupe 4,5 millions de la masse salariale et qui ne semblait plus dans les plans de l’entraîneur, la direction des Flyers a choisi de mettre de l’eau dans son vin.

« J’ai eu une rencontre très positive avec Craig Berube avant le camp d’entraînement. Il m’a annoncé qu’il me replaçait au centre et qu’avec le départ de Scott Hartnell, j’allais être employé dans la première unité en supériorité numérique. Je ne pouvais être plus heureux de voir mes responsabilités augmenter. »

Il n’empêche qu’à 34 ans, un rachat de contrat par le Lightning de Tampa Bay et de nombreuses blessures plus tard, Vincent réalise que rien n’est éternel.

« L’échange de Martin St-Louis m’a secoué. C’était le dernier joueur de la Coupe de 2004 encore avec le Lightning. Il y avait eu Brad [Richards] avec les nouveaux propriétaires, puis moi. Je regarde le Lightning aujourd’hui et il n’y a que des nouveaux joueurs. On a quand même passé une quinzaine d’années là-bas. »

Les entraînements estivaux ne sont plus les mêmes non plus quand la jeunesse n’est pas éternelle. « Je me sens encore très fort, mais j’ai eu des blessures. Au lieu de faire quatre ou cinq séances de poids et haltères par semaine, j’en fais trois. Les charges sont moins lourdes. J’y vais plus intelligemment. Je travaille davantage sur ma flexibilité. »

En matchs préparatoires, Lecavalier joue au centre de Jason Akeson et Michael Raffl, deux bons jeunes de l’organisation. Une perspective qui lui plaît. Il s’agit maintenant de voir s’il gardera ses ailiers, son poste de centre, ou même s’il restera avec les Flyers.

Ses performances pourraient répondre à ces questions. La suite promet d’être palpitante.

PERSONNALITÉ MARQUANTE 

Le golfeur Rory McIlroy, même s’il est encore jeune, par la façon dont il a su rebondir après sa défaite au Tournoi des Maîtres en 2011. Un bel exemple de persévérance.

LIVRE PRÉFÉRÉ 

Lone Survivor, de Marcus Luttrell, un Navy SEAL’s qui raconte son expérience en Afghanistan.

FILM PRÉFÉRÉ 

Gladiator

UN MÉTIER QU’IL AURAIT PRATIQUÉ S’IL N’ÉTAIT PAS HOCKEYEUR 

Golfeur

CITATION FÉTICHE

« J’ai échoué encore, et encore, et encore dans la vie, et c’est pour cela que j’ai réussi. »

— Michael Jordan

(« Tiré de la réserve de citations de mon ancien entraîneur Guy Boucher ! »)

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